MAHDIA – Notre centre d’excellence

Cette ville côtière tunisienne méconnue du grand public est au cœur de l’histoire de SKILA. Sa situation géographique stratégique et ses fortifications permettent à la ville, connue successivement sous les noms de Jemma, Aphrodisium et Cap Africa, de jouer un rôle de premier plan dans le bassin méditerranéen jusqu’au XVIe siècle. Mahdia est tout d’abord un comptoir phénicien puis agglomération punique. Sous la domination romaine, elle devient Aphrodisium.
L’année 916 voit l’arrivée du premier calife fatimide Ubayd Allah al-Mahdi qui ordonne la fondation de Mahdia, dont la construction s’étale sur cinq ans, et qui lui donne son nom actuel.
La ville devient ainsi la capitale des Fatimides en 921 et le reste jusqu’en 973, date à laquelle Mahdia est remplacée par Le Caire.
Assiégée durant huit mois (944-945) par les kharidjites sous la conduite de leur chef Abu Yazid, la ville résiste victorieusement. En 1057, les Zirides s’y réfugient face à la menace des Hilaliens.
En 1086-1087, pour faire cesser les attaques répétées des corsaires de cette région, notamment celles orchestrées par le souverain ziride Tamim (1062-1108), les grandes villes marchandes du nord du bassin méditerranéen — Gênes, Pise, Amalfi, Salerne et Gaète — arment des bâtiments et s’emparent de Mahdia. L’attaque, menée par Hughes de Pise, bénéficie de l’aide de Rome ; elle implique également le seigneur Pantaleone d’Amalfi et reçoit le soutien de Mathilde de Toscane.
Bien que Mahdia soit prise, les Italiens ne parviennent pas à la conserver. L’argent du butin est dépensé dans la cathédrale de Pise et la construction d’une nouvelle église. Le roi normand Roger II de Sicile l’occupe en 1148 et maintient son assise jusqu’à la chute de la ville, dans les premiers jours de 1160, aux mains des Almohades. La ville perd alors son importance politique au profit de Tunis mais n’en demeure pas moins un important port.
La ville fait face au cours de son histoire à plusieurs sièges espagnols, vandales et turcs .
L’art du tissage s’y développe dès 916 par les fatimides influencés par leurs conquêtes dans le royaume aghlabide qui ont déjà développé le tissage de la laine, du lin et de la soie. Les vêtements d’apparat étaient utilisés dans la cour des califes lors la prière du vendredi ou des célébrations.
Le développement de l’industrie textile est possible grâce au marché de l’or qui développe les échanges en Afrique et le besoin pour les vêtements de luxe dans des capitales comme celles de Mahdia et Sabra La Mansouria, autre cité fatimide située près de Kairouan. La présence de la sériciculture à Gabès et dans la zone ouest de la Méditerranée dans le sud tunisien permet de fournir la soie. Pour les califes, les soieries représentaient un symbole de prestige et de dignité, qui d’ailleurs s’appliquaient aussi au tissage de bannières pour les conflits armés, des draps, des rideaux ou encore des protections pour les pur-sang arabes.
D’après les témoignages historiques même les vêtements funéraires étaient richement confectionnés de soie et de broderie. Les ateliers de tissage se répartissaient entre la Medina et les palais, dans des « Darel Tiraz » (ateliers de tissage) pour les besoins uniques du souverain. Le nom du calife devait d’ailleurs apparaître dans toutes les confections, brodé en fils d’or.
Le métier de tisserand était donc très considéré et entièrement contrôlé par le plus haut représentant de l’Etat.
A l’époque, il s’agissait de la pratique sur le métier à la tire, un métier à tisser en bois, utilisé jusqu’à présent à Mahdia.
De par son rayonnement en tant que capitale fatimide sur un empire s’étendant du Maroc à la Syrie, Mahdia a attiré à la fois des artisans tisserands de Syrie, du Yémen et d’Irak.
Avec l’invasion et la destruction d’une partie de Mahdia par le roi français Charles Quint au 16 ème siècle, il a fallu une alliance franco-ottomane entre François 1 er et Soliman le Magnifique pour que la soie retrouve ses galons à Mahdia.
Cet accord a amené de nouvelles influences dans les tissages enrichis aussi grâce à l’arrivée des Andalous au 15 ème siècle, tandis que les familles juives de tisserands qui avaient fui la destruction de la ville se sont réfugiés en Tripolitaine.
On retrouve dans le costume traditionnel de Mahdia (Rdé) des motifs qui évoquent aussi bien la culture berbère que les influences carthaginoises et romaines de la ville, ainsi que des motifs juifs et islamiques. Depuis, le tissage de Mahdia est devenu un art notamment utilisé pour la tenue de mariage mahdoise, l’une des plus riches parmi les autres costumes régionaux.

